Figurant parmi les mesures phares de la politique gouvernementale en matière de santé publique, les consultations médicales de prévention vont être progressivement déployées dans les mois qui viennent. Prévus dans la LFSS de 2023 (article 29), ces bilans de santé physique et mentale seront proposés à trois moments clés de la vie, à 20-25 ans, 45-50 ans et 60-65 ans. Le dispositif démarrera pour les assurés se situant dans la tranche d’âge intermédiaire, les deux autres tranches seront concernées à partir de début 2024.
Financée intégralement par l’Assurance maladie obligatoire, cette mesure a pour objectif d’enclencher un véritable virage en faveur de la prévention : promotion d’une activité physique et sportive régulière, alimentation saine, sensibilisation aux risques d’addictions, santé mentale et sexuelle, dépistages… Le contenu des consultations, l’information et les examens seront adaptés en fonction des tranches d’âge.
Comme pour les dépistages des cancers du sein ou colorectal, les assurés concernés seront personnellement contactés par l’AMO qui les informera de la possibilité de ces rendez-vous. A noter que lorsqu’un assuré sera dans l’impossibilité de s’y rendre physiquement, une téléconsultation pourra, à titre exceptionnel, être mise en place.
Des objectifs adaptés aux besoins des assurés
En septembre dernier, l’ancien ministre de la Santé, François Braun, avait apporté quelques précisions quant aux objectifs de ces bilans selon les trois tranches d’âge retenues. Pour les 20-25 ans, au moment de l’entrée dans la vie active, il s’agira de faire un point sur leurs vaccinations et leurs habitudes en matière d’activité physique, de détecter d’éventuelles addictions et troubles de santé mentale. Pour les 45-50 ans, le bilan intégrera des dépistages de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Quant aux 60-65 ans, l’objectif sera orienté vers la préparation à la retraite : dépistage de maladies graves et invalidantes, prévention de la perte d’autonomie, gestion du stress lié à la fin de la vie professionnelle…
Dans le cadre des discussions du dernier PLFSS, les parlementaires avaient insisté sur la prévention des cancers, des addictions et de l’infertilité, rappelant que ces bilans devaient notamment permettre de mieux prendre en compte les besoins de santé des femmes et les risques de perte d’autonomie.
L’objectif du rendez-vous de prévention à des âges clés de la vie
Le rendez-vous prévention hiérarchise les risques individuels de santé autour des données familiales, biologiques, de comportements de santé et de l’environnement. La hiérarchisation des risques repose sur une prévention des maladies dont la survenue est probable chez une personne donnée et en fonction de son importance aux yeux de la personne concernée lorsqu’elle a été correctement informée.
Ces risques sont plus précisément :
- Médicaux : cardiovasculaires, cancers, atteinte de la santé mentale
- Liés aux comportements : tabac, alcool, alimentation, exercice physique
- Environnementaux : infections (d’où vaccinations), risques professionnels, risques liés aux activités de la vie quotidienne, sécurité routière, sport
- Familiaux : antécédents familiaux.
Source : Avis du HCSP de mars 2023 relatif au déploiement des rendez-vous prévention prévus par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023
Des bilans ouverts à plusieurs professions de santé
S’il est d’ores et déjà acté que ces rendez-vous pourront être assurés non seulement par les médecins, mais aussi par les sages-femmes, infirmiers et pharmaciens d’officine, certaines modalités pratiques restent à définir. Les rémunérations ne sont pas encore officiellement fixées, de même que l’organisation concrète de ces consultations et les formations professionnelles préalables. Les délais semblent donc très courts pour pouvoir effectivement démarrer en octobre prochain. D’autant que la raréfaction du temps médical, les pénuries d’infirmiers et la surcharge de travail en pharmacie d’officine constituent des freins importants au déploiement de ces bilans.
Ces difficultés opérationnelles ont d’ailleurs été anticipées par le Haut Conseil de la santé publique qui, dans son avis de mars dernier, propose que les MSP (maisons de santé pluriprofessionnelles) et les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) s’engagent dans cette nouvelle démarche. Des structures qui seront à même d’adapter le dispositif « à une population sur un territoire dont la granularité sera à définir au cas par cas », selon le HCSP.